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Art et consommation
8 mars 2023

« Supermarket lady », une critique de la société consumériste

Dans les années 1960, alors que les modes de vies sont boulversés, l’art permet de montrer une facette de la société.

Durant la période des Trente glorieuses, la surconsommation est valorisée, chacun voit son pouvoir d’achat augmenter. Cependant, Duane Hanson, un artiste de l’hyperréalisme, nous met face à une réalité de la société consumériste avec son œuvre « Supermarket lady ».

 

Une œuvre de Duane Hanson

Connu pour ses sculptures, l’artiste Duane Hanson appartient au courant artistique de l’hyperréalisme, aussi nommé en anglais « photorealism » ou « superrealism » qu’on retrouve dans la sculpture, tout autant que dans la peinture et dans la photographie. Le mouvement consiste en la reproduction d’une image de manière à ce que le spectateur se demande si l’œuvre est réelle, ou si c’est une photographie.

L’hyperréalisme apparaît aux Etats Unis dans les années 1960, dans un contexte d’après-guerre et de bouleversement de la société. C’est la période des Trente Glorieuses, là où l’accès à la consommation de masse et le pouvoir d’achat ne font qu’augmenter. En effet les modes de vie changent et s’améliorent pour laisser place à l’abondance et au lâcher-prise. Les supermarchés et centres-commerciaux font leur apparition, tout comme la standardisation des produits de l’industrie agro-alimentaire. Le confort des populations est amélioré, l’électroménager nous facilite la vie, la télévision prend une place plus importante, et de plus en plus de gens peuvent s’acheter une voiture.

 

 

« Supermarket lady », Duane HANSON, 1969

http://histoiredarts.blogspot.com/p/duane-hanson-supermarket-lady-1969.html

 

L’œuvre est une sculpture grandeur nature de 70 x 70 x 166 cm, et qui est conservée à Aix-la-Chapelle au Ludwig forum. La femme a été réalisée à partir d’un moulage du corps d’un modèle avec pour principal composant de la résine de polyester. Elle a été peinte mais aussi habillée et accessoirisées avec de vrai objets (notamment le caddie) afin de la rendre encore plus réaliste. Elle représente une femme, plutôt enrobée, portant des habits simples avec des couleurs et des formes banales : une jupe bleue, des collants, un haut rose, et des pantoufles bleues. Elle a également un collier de fleurs jaunes, des bracelets au poignet gauche et un sac à main noir au bras droit. Elle porte une sorte de foulard sur la tête, recouvrant ses bigoudis roses. Elle pousse un caddie qui déborde de produits de consommation courante : boîtes de conserve, céréales, Coca-Cola, café, poulet, biscuits au chocolat, pâtes, produits ménagers, papier toilette, pain, croquettes pour chien etc. Aucun produit frais n’est visible, chaque article répond aux caractéristiques de l’industrie alimentaire : les produits sont dans des emballages plastique, carton, ou dans des boîtes de conserve.

 

Impressions et interprétation

La femme représente le confort et l’aisance alimentaire, et laisse également paraître une image négligée probablement dû à l’effet de foule des supermarchés, où plus personne ne se connaît contrairement aux petites épiceries. L’ensemble renvoie une impression de mauvais goût, voire de dégoût. La femme a l’air d’avoir une quarantaine d’années et de faire partie d’une catégorie sociale plutôt modeste, ce qui veut dire qu’elle peut se permettre une grande consommation de produits notamment alimentaires. L’ensemble de la sculpture (le caddie, la femme) symbolisent donc la consommation de masse et l’abondance de cette nouvelle société.

C’est un portrait peu flatteur qui est montré de la femme occidentale moyenne des années 1960, et plus largement de la société, mais cela permet de refléter une vérité à laquelle il faut faire face. Le consommateur est représenté comme un robot qui ne réfléchit pas et qui fait les choses par automatisme. La société réunit tous les consommateurs dans un même endroit, et souvent au même moment : en fin d’après-midi. Alors même que l’on croit s’émanciper en accroissant notre pouvoir d’achat et en accumulant les objets et produits de consommation, notre personnalité et notre liberté son neutralisées par ces supermarchés et ces nouveaux modes de fonctionnement. Finalement, cette œuvre qui représente la solitude, le désespoir et la médiocrité, nous fait ressentir de la répulsion, du dégoût, de la pitié et de la compassion, mais reflète une vérité en dénonçant les vices d’une société consumériste.

 

 

Sources :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Supermarket_Lady

http://histoiredarts.blogspot.com/p/duane-hanson-supermarket-lady-1969.html

 

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Commentaires
Art et consommation
  • L'industrialisation et la fabrication de masse des produits nous ont menés à un phénomène de surconsommation. "Consommer autrement", c'est le sujet que nous allons aborder. Le domaine de l’art introduit rapidement ce thème.
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